No Tax Tampon
Je suis une femme et à onze ans, j’ai saigné.
Je n’avais rien demandé.
A ma naissance, le carnet rose m’attendait déjà.
« Tu viens de la planète Vénus, la planète qui tourne dans le sens contraire de toutes les autres.
Le changement de rotation va te bouleverser un peu, la notice indique une possibilité d’hémorragies répétitives comme effet secondaire à long terme. »
Je suis une fille et je dois payer le prix du sang.
Comme si les gouttes rouges devaient transformer ce carnet rose en bleu pour me rendre l’égale des garçons.
Et pour nettoyer cette souillure, je dois m’acquitter d’une dette.
Le prix du sang, je le paie une fois par mois.
Je le paie de façon physique, en douleurs et crampes.
Je le paie de façon psychologique, en honte et en contraintes.
Je le paie de façon économique, en tampons et serviettes hygiéniques surtaxés.
C’est la nouvelle trinité : la mère, la fille et le saint argent.
Alma Poulain